Alors qu'il a tout juste débuté ce lundi 25 novembre, l'Inquest sur le naufrage du Bugaled Breizh va être ajourné vendredi. Le coroner a reçu une multitude de documents français qu'il doit faire traduire. La suite de cette procédure judiciaire britannique est donc renvoyée à 2020.
Une fois de plus, que ce soit en France ou en Angleterre, la justice a des soucis avec l'affaire du naufrage du Bugaled Breizh, ce chalutier finistérien qui avait sombré en janvier 2004 au large de l'Angleterre emmenant avec lui par le fond cinq marins bretons.
Une multitude de documents français à traduire
Ce lundi 25 novembre, un nouvel épisode judiciaire s'ouvrait avec l'Inquest à Truro en Angleterre. Cette "audience" à l'anglaise devait durer deux semaines. Mais dès le deuxième jour du procès, ce mardi soir, les services administratifs du juge coroner (fonctionnaire chargé, au nom de la Couronne (d'où le nom), d'enquêter sur les circonstances d'un décès violent dans les pays anglo-saxons, NDLR) annonçait qu'ils avaient reçu ce lundi "un important lot de documents supplémentaires des autorités françaises". Une multitude de documents "réclamés en août" selon le coroner Andrew Cox.
Or, ces nombreux documents doivent être traduits en anglais, ajoute le coroner. Il ajourne donc la suite de l'audience après vendredi soir : "les témoins qui devaient être entendus la semaine prochaine, ne le seront que l'année prochaine à une date qui doit être fixée".
Un changement de calendrier dont a été prévenu Thierry Lemétayer, fils du mécanicien mort dans le naufrage du chalutier finistérien, et qui sera présent ce jeudi et vendredi à l'audience. Il a appris la nouvelle par un mail du coroner lui expliquant la situation tout en lui précisant son intérêt de l'entendre dès ce jeudi.
Thierry Lemétayer, même si il n'est pas de la famille des deux marins morts en 2004 retrouvés dans les eaux territoriales anglaises (raison pour laquelle une procédure judiciaire est en cours en Angleterre, NDLR), il a néanmoins tenu à assister aux débats dans l'espoir de nouveaux éléments.
L'Inquiest devait voir défiler à la barre une trentaine d'acteurs du dossier.
Un courrier plus que tardif
Si les documents français reçus en Angleterre ce lundi ont mis trois mois pour arriver, ils ne sont pas les seuls à mettre du temps pour traverser la Manche. La semaine dernière, on apprenait que les deux familles des marins décédés en territoire britannique et concernés par le procès venaient tout juste de recevoir un courrier signé du coroner de Cornouailles, Andrew Cox, un courrier daté du 12 août dernier.15 ans de feuilleton judiciaire
Le 15 janvier 2004, le Bugaled Breizh sombrait au large de l'Angleterre, à quelques kilomètres du Cap-Lizard. Cinq marins périssaient. Les familles des victimes ont toujours estimé qu'un sous-marin, en exercice ce jour-là, aurait pu se prendre dans les câbles du chalutier et l'entraîner vers le fond.Pourtant, en juin 2016, après plus de 10 ans d'un feuilleton judiciaire en France, la justice française prononce un non-lieu. Le Bureau d'enquête sur les événements de mer conclut que "l'hypothèse de l'enfouissement du train de pêche est celle qui paraît le plus en adéquation avec les constatations matérielles".
Après ce non-lieu prononcé en France en 2016 et l'ouverture d'une enquête outre-Manche, les familles espéraient que le rapport de l'Ifremer prendrait le pas sur celui du BEA-MER. Mais c'est sur ce dernier, que le Coroner doit s'appuyer, à leur grand regret.